Daniel Coste

13 avenue de Dône

15000 AURILLAC

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Théâtre Musical de Poche



Barbenpaille, l'épouvantail, vient d'apprendre, de la bouche (ou plutôt du bec des corbeaux) que Ciboulette pourrait bien le chasser s'il continue à faire danser les légumes au lieu de les protéger. Il reste seul, inquiet, il marche de long en large, il a l'air de se poser des tas de questions. De temps en temps, il s'entraîne à faire peur, comme le lui ont conseillé les corbeaux.
L'oiseau et la musaraigne arrivent.

L'oiseau : Bonjour, Barbenpaille !
La musaraigne : Bonjour ! Alors ? Ce soir, on fait la fête ?
Barbenpaille : Non, non, allez-vous-en ! Je vous fais peur. Bouh ! Bouh ! Psiitt ! Psiitt ! Allez, allez !
L'oiseau en regardant la musaraigne : Qu'est-ce qu'il a ?
La musaraigne : J'sais pas. Il est malade ?
Barbenpaille : Ecoutez mes amis, il faut que je fasse mon boulot. Sinon c'est cuit, rôti, pourri, souci pour moi, je serais chassé par Ciboulette.
L'oiseau : Mais non, c'est pas possible, elle est bien trop gentille !
Barbenpaille : Ben, les corbeaux m'ont dit qu'il fallait se méfier et qu'elle pourrait bien le faire.
La musaraigne : Il est malade ! Il vient de faire une phrase entièrement compréhensible !
Barbenpaille : Allez ! Bouh ! Filez !
L'oiseau : Non, non, on reste !
La musaraigne : On va te soigner.
L'oiseau : Les corbeaux ne savent pas ce qu'ils chantent !
Barbenpaille : Bouh ! Bouh ! Allez, faites semblant d'avoir peur.
La musaraigne : Tu es malade. Premier remède : faire la fête !
Les carottes se redressant soudain : On fait la fête ?
Les poireaux : Oh, oui ! Oh, oui ! La musique, la musique !
Barbenpaille : Non, non, il ne faut pas...
Les salades : On va danser ?
Les roses : Oui, oui !
Les pommes de terre : Oh, yé !
Tous : Allez, musique, musique !
Barbenpaille : Non, ça ne serait pas raisonnable.
Les salades : Il est malade ?
La musaraigne : C'est ce que je dis.
Les poireaux : Qu'est-ce que ça veut dire : "raisonnable" ?
Barbenpaille : Mais Ciboulette va me chasser !
Les carottes : Elle n'en saura rien gros bêta. Allez, musique ! Musique !
Tous : Oui, musique, musique !
Barbenpaille : Ben... Heu... Bon, mais tout petit alors, tout petit...
Tous : Tout petit, d'accord, tout petit, chut !
Silence. Barbenpaille ferme les yeux...
L'oiseau : Alors, ça vient ?
Tous : Chut !
Les roses : Il se concentre.
Les pommes de terre : Oui, il se concentre.
Elles se laissent gagner par l'excitation.
Doubadibadoubadi ! Ay ! Ay ! Ay !
Tous : Chut !
Les pommes de terre : Oh, pardon !
Barbenpaille : Voilà, je sens que ça vient.
On entend une petite musique. C'est

 

"la danse des légumes".

 

Ça vient, voilà, voilà pour vous petits légumes, petits animaux, voilà pour vous...
Au fur et à mesure qu'il parle, la musique va crescendo.
Dansez, dansez petits légumes
Dansez, dansez comme des fous
Et ça commence et ça s'allume
Petit phare tout au fond de vous.

C'est la petite musiquette
Des moments de grande folie
Ça fait du bien car c'est la fête
Dansez, dansez, chassez l'ennui

Et ça prend corps dans votre corps
Ça court le long de votre peau
C'est un bonheur, c'est un trésor
Quand ça pénètre le cerveau

Ça vous tient le cœur en haleine
C'est pour la joie, la poésie
Ça vous protège de la peine
Ça fait fuir la mélancolie

Voyez comme la vie est belle
Le soleil rouge dans le ciel bleu
Quelques nuages en dentelles
Il y a bien de quoi être heureux

C'est la petite musiquette
Des moments de grandes folies
Ça fait du bien car c'est la fête
Dansez, dansez, chassez l'ennui...

Au paroxysme de la musique et de la danse, tous glissent à terre en poussant un grand soupir de soulagement et de bien-être. C'est à ce moment-là que Ciboulette arrive en trombe et très, très, très en colère.

Ciboulette : Et voilà ! Et voilà le travail ! Non mais voyez-moi ça ! Regardez ces légumes dans quel état ils sont... ! Les roses toutes fripées, Les carottes à moitié morte, Les poireaux à zéro, le jardin en désordre, l'oiseau et la musaraigne sont là... Oh ! Mais ça suffit comme ça !
Elle s'adresse à Barbenpaille qui lentement émerge de sa bienheureuse torpeur. Ecoute-moi, je t'avais prévenu. Je te chasse !